« Nous ne voulons pas être sur la carte, nous ne voulons pas être localisés, mais situés. » (G. P.)
Été 2020. Nous nous sommes à nouveau réunis sur Zoom. Puis, nous nous sommes rencontrés dans un parc, en respectant les règles de distanciation. Le processus de collaboration, préparatoire à la résidence, est amorcé. Je n’irai pas dans les détails de nos échanges, je vais plutôt tenter ici d’extraire les grandes lignes de ce projet de résidence atypique en ces temps d’émoi collectif. Le trouble, l’incertitude et l’errance animent nos échanges.
Les directions que nous envisageons aujourd’hui évolueront dans le temps, l’imprédictibilité du futur proche guide néanmoins nos pas. Unanimes, nous envisageons la création selon des paramètres qui reflètent des conditions que nous désirons respecter : prudence, distances physiques, rejet des rassemblements et déplacements utiles seulement. Ces états nous apprennent des façons de faire autrement sur lesquelles nous désirons capitaliser. Nous souhaitons mettre l’accent sur les processus et sur les diverses couches de lecture de nos explorations.
Au sein de notre collectif, nous accueillerons le véhicule « VILLA » comme nouveau membre à part entière. Il est l’antenne lavalloise du projet, le compagnon de route de nos explorations et de nos recherches sur le terrain, notre quartier général, notre voûte où les documents seront rassemblés et, éventuellement, une unité de diffusion. Par moments, équipé d’une unité informatique autonome, le véhicule agira comme émetteur et récepteur dans des environnements choisis.
Nos recherches individuelles s’inscrivent dans une communication circulaire. Chaque membre du collectif génère des actes à partager, agit comme un vecteur par lequel les autres membres peuvent recevoir l’information, la transformer et puis la faire circuler. Ainsi, toute dérive à Laval servira plusieurs objectifs. Complémentaire à la présence physique des membres sur place pour documenter nos actions, effectuer des captations audiovisuelles et relever des coordonnées géographiques, pourraient s’ajouter des enquêtes à distance, des analyses en différé, des diagrammes et des textes.
Divers récits imprévisibles, instables en émergeront éventuellement, partageant des mots-clés tels que quarantaine, distance, surveillance, protocoles et opérations, sécurité vs danger et menace, présence vs absence.
Alexandre Bérubé
Au cours de sa maîtrise en arts visuels à l’UQAM, Alexandre Bérubé a mené une série de projets sur les objets mobiliers et la psychologie de leur aménagement, dont Fire Retardant Theater : présentation d’une table de travail (Petite galerie, Œil de poisson, 2017), L’épreuve de la table de travail (SIGHTINGS, Galerie Leonard & Bina Ellen, 2018) et Figures, portes et passages (La marche est haute – Territoires, 2018). En y étudiant les manières de travailler sur des projets d’installation dans diverses communautés ou disciplines, il cherche à saisir les particularités de pratiques qui engagent un rapport de traduction entre des documents écrits (plans ou récits) et des objets. Site Web de l’artiste
Frédérique Laliberté
Frédérique Laliberté est une humoriste inconnue, une geek dépassée et une scénographe en devenir. Elle se consacre à l’instauration, à la mise en œuvre et à la documentation d’activités saugrenues, parfois flottantes et/ou fictives. Sa pratique se manifeste dans une variété de formats, de médiums, de situations et de témoignages qui ont en commun un amour inconditionnel pour le papier-mâché ainsi qu’un ficelage littéraire où désinvolture et questionnements existentiels se juxtaposent. Frédérique détient une maîtrise en beaux-arts (MFA) de l’Université Concordia. Artiste volubile, elle a présenté ses projets au Canada, en France, au Mexique, en Suisse, en Chine, en Hongrie, dans le désert du Sahara et sur Internet. Elle vit et travaille à Tiohtiá:ke / Montréal où elle s’évertue à jouer un rôle perturbateur dans ce que l’on croit impossible, à la recherche d’un art qui élargit l’imaginable. Viméo de l’artiste
Guillaume Pascale
Guillaume Pascale explore le caractère instable et spéculatif des technologies de l’information. Il crée des œuvres d’anticipation dans lesquels il conjugue réalisation audiovisuelle, programmation, robotique et création sonore. Ses recherches visuelles interrogent entre autre la perception de l’environnement terrestre selon les conditions suggérées par les environnements numériques et les manières opératoires de faire image aujourd’hui. Sa production musicale compose avec des flux de données traités par un appareillage et des programmes qu’il a lui-même développé. Son travail a notamment été présenté à Interaccess (Toronto), Perte de Signal (Montréal), VOX centre de l’image contemporaine (Montréal), Spamm (Paris), l’espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des arts (Montréal), à la Cinémathèque québécoise (Montréal), au Musée des Beaux-Arts de Caen ou à ENSP d’Arles (France). Site Web de l’artiste
Eric Mattson, commissaire
Commissaire en arts, musiques et sons, Eric Mattson conçoit et réalise des événements en arts numériques et sonores, en musique expérimentale, tant au Québec, au Canada qu’à l’étranger. Chercheur inspiré, il soutient les pratiques de nombreux artistes en organisant des interventions publiques, des expositions et des concerts. Ses plus récentes réalisations sont en 2018 : Les transformables (V), Edmonton, La Contamination est (ici) Positive, La marche est haute ; Territoire, Montréal, deux projets avec l’artiste Marc-Alexandre Reinhardt à Tuned City Messene, Grèce ; en 2019 une participation avec le luthier numérique Alexandre Burton aux Rencontres internationales Tsonami, Valparaiso, quatre expositions et événements avec l’artiste François Quévillon en 2018 et 2019. Ses recherches actuelles portent sur l’apport de l’art à la collectivité lors des crises environnementales et sociales.