Exposition
Sourbodies (Corps amers) est une installation médiatique composée d’une murale lenticulaire en plusieurs panneaux et d’une bande sonore.
L’œuvre se base sur une série de vidéos en accéléré qui documente divers processus de fermentation initiés en atelier, qui durent des heures, des jours, voire des semaines. Les erreurs et les anomalies sont conservées dans les vidéos montrant des récipients en verre et en plastique contenant divers légumes aux premiers stades de leur transformation en marinade. Les dégagements gazeux sont gérés de manière improvisée avec des gants en caoutchouc ou des condoms en latex colorés qui se gonflent et se dégonflent à un rythme accéléré, une allusion à des organes tumescents en transformation.
Le public voit l’effet d’animation des images lenticulaires grâce au mouvement de son propre corps, tandis que son angle de vision change au moment de circuler devant la murale.
L’expérience in situ se complète par l’écoute en ligne d’une bande sonore faisant entendre les bruits de pétillement d’un levain de gingembre (ginger bug). Lors du vernissage, le son d’une culture vivante en cours de fermentation pourra être ressenti physiquement grâce à un mobilier muni de convertisseurs de son structurel.
Sourbodies se base sur une recherche développée par l’artiste en 2019 dans le cadre d’une résidence du Conseil des arts et des lettres du Québec au Studio du Québec à Berlin (Künstlerhaus Bethanien).
Elle témoigne de la fascination que Flemming porte aux systèmes complexes depuis des années. En créant des systèmes biologiques qui fermentent et prennent de l’expansion, Sourbodies propose que l’on s’attarde à la nature constamment changeante et imprévisible du monde naturel. Ce faisant, elle offre une vision insoluble qui permet notamment de court-circuiter les conceptions mécanistes, et erronées, de l’écologie où l’être humain occupe une place centrale et privilégiée. La sensibilité ludique qui imprègne les explorations matérielles consciencieuses de Sourbodies lui permet par ailleurs de naviguer aisément entre l’humour et le sérieux.[1]
[1] À partir de Mikhel Proulx, « Introduction », Peter Flemming : Sourbodies + Low Places, Berlin : Künstlerhaus Bethanien, [à paraître], p. 8-12.