Journée d'activation — Futur parc
« Laval. Ma ville… mon avenir ! ». Ici comme ailleurs, les plans d’urbanisation prennent en charge nos devenirs et aplanissent les saillies du hasard. Offrir un futur clef-en-main dans un environnement contrôlé et sécuritaire semble être en toute bonne foi la préoccupation majeure des penseurs de cités contemporaines. Mais si ces projets promettent un avenir radieux à ses occupant.e.s, sont-ils habitables au-delà du plan ? Que deviennent ces futurs une fois le plan exécuté ? Ont-ils un avenir ? Résistent-ils au présent ?
À une époque où les outils informatiques et l’emploi de données massives participent au développement des villes intelligentes de demain, n’habitons-nous pas des villes toujours plus virtuelles, des chantiers permanents dont l’actualité ne tiendrait qu’à la construction perpétuelle de devenirs planifiés ?
Les artistes ont cherché à éprouver ces questions sur le terrain d’un chantier de construction lavallois, suspendu comme nous aux contingences de la crise sanitaire. Cette parcelle de futur à l’arrêt est le fruit de la confluence du programme de revitalisation du secteur de la station intermodale de la Concorde et d’un programme d’aménagement résidentiel privé. Il s’agit d’un terrain vague sur lequel cohabite temporairement la virtualité des édifices à venir et l’actualité d’un écosystème émergeant des ruines d’un futur antérieur.
Dans cet environnement aux temporalités croisées, les artistes ont fait cohabiter durant trois mois une panoplie d’objets, de concepts, de gestes et de figures. À partir d’un « Futur parc », ils ont élaboré un récit de Science-Fiction dans les entrelacs d’un jeu de ficelles (String Figures). Ils ont pour cela conjugué les aménagements futurs à la présence inusitée d’un guêpier sur le chantier, à sa flore anarchique soufflée par un vent d’ailleurs, à un drone rejouant la Dolce Vita de Fellini, à des unités d’habitation temporaires modulables, à la recette d’un pain nomade, à la promotion multi-échelle de questions sans réponses, à un art divinatoire chinois, au langage binaire, aux pérégrinations d’un voilier sur le golfe du Saint-Laurent, à un ensemble de données environnementales et aux fossiles spéculatifs qui en ont émergé.
Ce travail hybride et réflexif — au carrefour des arts numériques, de l’architecture, de la sculpture et parfois du design — suggère de ré-envisager d’un point de vue esthétique, voire éthique, l’idée d’agglomération : programmer la dérive d’un futur construit par des agents immobiliers en direction d’un présent bâti d’agents, d’espaces et de temporalités pluriels.