Jocelyne Thibault
Avant d’embrasser la vie artistique, la présence et les enjeux de l’art à Laval étaient totalement étrangers à l’artiste. Était-ce par aveuglement? Était-ce par manque de visibilité de l’art en soi sur son territoire? Sans offrir de réponse, ces deux questions cheminent parallèlement dans l’esprit de Jocelyne Thibault, s’entrecroisent et s’enlacent pour former comme une chaîne d’ADN brisée par endroits.
L’aveuglement et la visibilité participent donc de ses préoccupations comme artiste Lavalloise, et c’est par ce biais qu’elle choisit d’embrasser son projet dans les archives de Verticale.
Elle nomme l’aveuglement. Qu’inclut-il? Le fait de ne pas voir, de ne pas savoir, de ne pas reconnaître? Si elle ne voit pas, est-ce parce que ce n’est pas visible, présent, compréhensible? Peut-être ne savait-elle pas regarder. Où était donc son attention pendant que les artistes de la programmation de Verticale s’ingéniaient à présenter leur pratique sur l’Île Jésus. Est-ce possible de faire du rattrapage pour mieux comprendre la place qu’elle occupe aujourd’hui comme artiste dans cet écosystème?
L’artiste s’intéressera aux motivations et aux pratiques des artistes fondateurs et cherchera dans les archives jusqu’à trouver un lien émotif auquel se rattacher. Pour se rappeler, il lui importe de nommer les choses. En relisant la documentation écrite, par années interposées, elle la réinterprétera en documentant sa recherche par le dessin, la photographie et l’enregistrement sonore de ses propres réflexions pour ensuite traduire et transposer cette appropriation vers une forme personnelle et revisitée. Elle sera attentive à sa propre construction d’un récit, à la manière dont la lecture des archives l’amènera à comprendre les œuvres et les pratiques des artistes qui ont façonné la vitalité de Verticale et la construction de ces ADN, jusqu’à devenir brin elle-même.
Pour l’artiste, cette résidence sera une célébration de l’art à Laval. Et pour ça, pour immortaliser les archives, Il y aura des fleurs.