Corps roca
Ileana Hernandez aborde Corps roca comme un laboratoire d’explorations, en collaboration avec Raphaëlle de Groot (mentore). S’intéressant à la notion de camouflage, elle parcourt le territoire de Laval en vélo et à pied, attentive au paysage urbain, aux stratégies d’aménagement de l’espace et aux éléments qui le marquent. Elle cherche des façons de nourrir des points de contact avec la communauté pour ouvrir son processus à des formes de participation, ce qui l’amène notamment à assister à une répétition du Chœur de Laval. Entre ses observations du territoire urbain et cette expérience d’écoute, un récit fictif prend forme. Dans cette histoire, une voix énigmatique questionne la relation « déséquilibrée et non accordée » que « l’espèce molle » — ou être humain — entretient avec la nature. Cette voix pourrait bien être celle de la nature elle-même qui s’exprime à travers une roche, imaginée comme espèce la plus évoluée de la planète. Il existerait ainsi, selon cette roche, une « bonne fréquence » pour atteindre « l’harmonie ».
Mue par le désir de se mettre dans la peau de cette espèce évoluée, Ileana entreprend de réaliser un costume pour tenter d’entrer en syntonie avec l’environnement naturel d’un terrain vague, appelé Cité des roches.
Une part importante du laboratoire est consacré à l’aspect relationnel du projet, où l’artiste collabore avec des choristes de la communauté lavalloise pour une série d’ateliers autour de la voix comme canal de communication et de rencontre.
Liste de lecture ayant nourri la réflexion de l’artiste au cours du projet :
— Isaac Asimov, La pierre parlante et autres nouvelles, 1998.
— Eduardo Viveiros de Castro, La mirada del jaguar : introducción al perspectivismo amerindio, Buenos Aires, 2013.
— Eduardo Viveiros de Castro, Exchanging Perspectives: The Transformation of Objects into Subjects in Amerindian Ontologies. Common Knowledge, Volume 10, Issue 3, Automme 2004, pp. 463-484 (Article)