L’enquête des nuisances
À l’origine de ce projet, il y a une espèce jugée « nuisible » sur le territoire de la ville de Laval : le ver blanc. Cette larve du hanneton commun habite principalement les pelouses aménagées dans les vastes développements résidentiels. La présence accrue de cet insecte « intrusif », tout comme les discours et les pratiques visant à l’éradiquer, témoignent d’une manière de faire territoire. Partant de l’hypothèse que cette cohabitation hasardeuse entre le ver blanc et l’humain signale l’érosion d’une pratique de l’espace dominante dans les « zones de peuplement post coloniales » (Dalie Giroux), les artistes enquêtent les faits sauvages et les relations insoupçonnées qui font de cette larve un être « nuisible ». Cela revient peut-être à se demander : comment appartenir au territoire différemment dans un aménagement du monde qui se désagrège ?
À la rencontre de ce protagoniste « immonde » qu’est le ver blanc, des fabulations se trament. Si la larve est la figure d’une altérité radicale, le point le plus éloigné de l’être humain, elle nous ramène malgré tout à la terre, à l’humus, et replace l’humain au milieu d’autres mondes (animaux, végétaux, microbiens, etc.).
Entre la fiction et la recherche scientifique, une métamorphose s’opère en se liant au ver blanc, mais également aux gestes et aux mots des êtres avec lesquels il constitue son milieu de vie. Il s’agit donc non seulement d’observer la larve, mais d’observer ses observateurs. Entre ethnographie sensorielle et fiction documentaire, cette enquête des nuisances réinvestit l’imaginaire de la banlieue en fabriquant une allégorie de la cohabitation non anthropocentrique.
17 h à 19 h
3 février 2023
17 h à 19 h