Mous souvenirs
La fin d’avril au début de mai est une période où l’eau se déplace plus rapidement à la surface des rues et s’infiltre plus profondément dans le sol, les températures augmentent le jour, le sol dégèle sous le soleil et gèle la nuit. En cette lente fin d’hiver qui approche du printemps, les choses commencent à se révéler sous les couches de neige et des flaques d’eau commencent à se former.
Pendant ce temps transitoire, Miri Chekhanovich sort dans les rues à l’affût des nids-de-poule et des fissures sur les routes. Ces cavités dans l’asphalte ou le ciment sont un phénomène unique dans le climat nordique et considéré comme une signature particulière de la ville où réside l’artiste, Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal. L’artiste remplit les nids-de-poule avec une gélatine végétale dont elle se sert pour mouler les trous.
Les nids-de-poule la fascinent parce qu’ils évoquent pour elle l’échec humain, un dysfonctionnement urbain, marqué par le pouvoir de l’eau et ses cycles naturels de gel et dégel. Ces trous recèlent de grands mystères qui se révèlent à travers ce processus de création.
Artiste d’origine arménienne, Miri Chekhanovich invite les personnes qui fréquentent le centre communautaire arménien, dans lequel se trouve le bureau de VCA, à participer avec elle à investir les crevasses autour des locaux du centre. Tout comme le matériel employé mémorise la forme des trous, qui eux racontent une histoire de déplacements et de cycles de l’eau, l’artiste veut archiver les conversations avec les gens qui participent avec elle à cette action : « Mon peuple; des gens qui ont une histoire commune de déplacements et d’adaptation à de nouveaux environnements ».