Avant de tracer un carré
Avec Avant de tracer un carré, Natacha Clitandre propose de parcourir en petits groupes les abords du « Carré Laval », un site où sont perceptibles – par l’abondante végétation spontanée qui y croît – des évocations du caractère agricole de l’Île Jésus. Pour l’artiste, cet écosystème relativement restreint symbolise les différentes phases de développement urbanistiques de Laval. Des traces de son potentiel agraire et la cicatrice de sa période industrielle y persistent, tandis que s’y projettent les ambitions politiques de rendre la ville attractive.
Au cours des cinq dernières décennies, l’agglomération lavalloise a progressé au gré des projets de lotissements commerciaux et immobiliers, sans être régie par les balises d’un plan d’urbanisme. Un nouveau code d’urbanisme a été adopté en 2022, le premier depuis les années 1970. Parmi les projets de revitalisation urbanistique prévus par la Ville se trouve le Carré Laval[1], une ancienne carrière à ciel ouvert située au croisement du boulevard St-Martin et de l’autoroute 15.
Natacha Clitandre invite à des parcours d’exploration prévus autour de cette zone qui subira une importante transformation d’ici quelques années, mais qui pour l’heure, abrite une résiliente biodiversité. Par la cueillette, la photo et le dessin, les participant·e·s documentent plantes, insectes, oiseaux ou mammifères observés et partagent ensemble des souvenirs qui leur sont associés. Cette documentation est ensuite reproduite par l’artiste en PLA, un bioplastique utilisé en impression 3D. Les artefacts sont intégrés à un coffret de PLA, matelassé par une couche d’isolant végétalien à base d’asclépiade du Québec. L’artiste choisit ces matières en toute conscience de l’effondrement en cours et de la nécessité de repenser l’extractivisme auquel la production artistique contribue.
La dégradation de cette capsule temporelle est anticipée, tout comme celle des espèces qu’elle représente… D’où l’importance de cultiver les souvenirs qui leur sont liés et que les humains, sensibles à ces incarnations du vivant, contribuent à en préserver la diversité.
[1] « Carré Laval : une cité de l’innovation carboneutre à échelle humaine […] un lieu habité comportant un grand parc urbain et un lac ainsi qu’une zone d’innovation de calibre international incluant des centres de recherche, des bureaux, des commerces et des attraits touristiques. Les Lavallois·e·s y retrouveront un milieu de vie diversifié à échelle humaine où vivre, travailler et se divertir 7 jours sur 7, été comme hiver ». Ville de Laval, page consultée le 12 février 2024.